Femmes et VIH : un traitement injustifiable

8 mars

Nous sommes des femmes pas des maladies ! Les femmes ont une vie, un corps, elles évoluent dans un contexte social, familial et professionnel : les soignants doivent considérer cette globalité. Cette revendication remonte au colloque « VIH, femmes, corps et identités, du vécu aux revendications », qui s’est tenu les 4 et 5 mars 2011 à Paris. Plus de dix ans ont passé et la même revendication des femmes vivant avec le VIH semble se répéter : Nous ne sommes pas prises en compte.

Depuis quarante ans, les traitements contre le VIH sont surtout testés sur les hommes. Si au début des années 1980, cette option de recherche pouvait se comprendre compte tenu de la spécificité homosexuelle de l’épidémie, la suite des événements a contribué à accroître la proportion des femmes parmi les personnes atteintes. En 2021, 53 % des personnes vivant avec le VIH dans le monde étaient des femmes, contre 46% en 2002. Ajoutons à ce constat déjà édifiant que selon une étude rendu publique par ONUSIDA en novembre 2022, « dans les régions très touchées par le VIH, les femmes victimes de violences commises par leur partenaire intime ont jusqu’à 50% de risque en plus de contracter le VIH ». En France, environ 40 000 femmes vivent avec le VIH et, en 2020, elles représentaient 30 % des découvertes de séropositivité au VIH.

Alors dans la recherche actuelle sur le VIH, où sont les femmes ? Dans les essais thérapeutiques, où sont les femmes (Pour le développement de nouvelles stratégies de traitements, seulement 11% de femmes seraient incluses) ? Et pour celles qui sont séronégatives et qui aspirent à se protéger contre le virus, où sont les femmes ? Là encore, elles sont absentes puisque parmi toutes les personnes qui accèdent à la PrEP, seulement 3% des utilisateurs de la prophylaxie pré-exposition en France sont des femmes.

Cette persistance d’une représentation insuffisante des femmes dans la recherche et les essais contre le virus du sida a été maintes fois dénoncée par le passé. Sida Info Service, et d’autres association de lutte contre le VIH/sida, rendent compte régulièrement de ces manquements sans que les choses changent pour autant.

Cette année encore, Sida Info Service se saisit du 8 mars, journée d'action, de sensibilisation et de mobilisation dédiée à la lutte pour les droits des femmes, l'égalité et la justice, pour lancer un nouvel appel à la mobilisation. Les femmes méritent une prise en charge et des traitements adaptés. Les femmes méritent mieux que l’indifférence.

Visionner la vidéo des Petits Déjeuners de l’écoute organisé par SIS Association en juin 2022 sur la